La Dépêche du Midi – Publié le 25/01/2021 à 05:09 , mis à jour à 07:20 – Silvana Grasso
“Que des confettis et des stickers. Pas de dégradations ni de provocation, malgré notre colère. Pas de prétexte pour discréditer notre action”. Coordinateur à Mix’art Myrys, Joêl Lécussan a rappelé la consigne hier après-midi lors de la manifestation de soutien à ce collectif d’artistes auto géré. Le 14 janvier 2021, Mix’art Myrys, espace culturel unique à Toulouse, a été frappé d’une fermeture administrative pour défaut de mise aux normes. Mené par un long serpent mobile, le cortège parti d’Arnaud-Bernard en direction de François Verdier, fut suivi par environ trois mille personnes (deux mille pour les services de police).
Un défilé “extravagant, indigné, joyeux et révolté” digne d’un carnaval monstrueux, bigarré, costumé, musical et bruyant. “Nous sommes là pour renouer le dialogue avec Toulouse Métropole et trouver une solution sur notre avenir et ces travaux de mises aux normes, rappelle une costumière, présente depuis quinze ans dans ce collectif. N’oublions pas que Mix’art Myrys rassemble plus de 500 personnes autour d’une soixantaine d’ateliers divers (sérigraphie, sculpture, spectacle vivant, construction, régie, labo photo, espace multimédias, atelier de costume, etc). Tout un monde aujourd’hui à la rue. Je suis l’une des rares à avoir pu récupérer mon outil de travail”.
“Il faut se remettre à la table des négociations”
Pierrot est ébéniste. Il se retrouve aujourd’hui sans équipement pour exercer son activité. “Rappelons que les locaux de Mix’art Myrys ne sont pas aux normes depuis quinze ans. En pleine pandémie, où est l’urgence de fermer un lieu qui ne reçoit pas de public ? Étrange”. Adjointe au maire en charge de la commission de sécurité, Christine Escoulan, justifiait il y a quelques jours : “Nous, tout ce qui nous regarde c’est le risque incendie. Dans ces locaux, il n’y a même pas d’alarme. Ils mettent en péril la vie des artistes sur place et du public lors des concerts”. Pourquoi une visite maintenant ? “Rien n’a été calculé, se défend l’élue. Cela faisait un moment que nous voulions la faire, cela aurait pu tomber n’importe quand”. Depuis plusieurs années, Toulouse Métropole et Mix’art Myrys discutent pourtant d’une convention de mise à disposition des locaux et travaux de mise en conformité. “À ce jour rien n’a été signé ou validé, constate Joêl Lécussan qui rappelle que plus de 150 projets risquent de se retrouver en péril sur l’année. Il faut ramener Toulouse Métropole à la table des négociations et travailler intelligemment. Nous voulons rester optimistes”. Tout le long du cortège, des banderoles ont fleuri : “On veut respirer l’art libre” ou “Des millions pour un gratte-ciel. Combien pour un rêve éveillé ?”.
Parvenu aux Monuments aux Morts, le cortège s’est dispersé dans le calme. Chacun a rangé costumes et déguisements. Le “Monstre” est rentré chez lui.