Monsieur Moudenc,
Le collectif Hybrides – Coordination Régionale des Lieux Intermédiaires et Indépendants en Bretagne – manifeste son soutien à Mix’art Myrys, lieu toulousain historique d’expérimentation, de création et de partage artistique, sous le coup d’une fermeture administrative notifiée ce 20 janvier et susceptible de conduire à une fermeture définitive du lieu. Sachant que l’état d’urgence sanitaire empêche déjà les rendez-vous culturels publics, cette fermeture administrative prive d’un coup des dizaines d’artistes et d’acteur.rice.s adhérent.e.s du lieu de leur outil de travail.
Cette mise à l’arrêt, si elle se confirmait dans le temps, « mettrait à la rue près de 60 artistes visuels, arts numériques et vidéo, musique, près de 10 associations et leurs salarié.e.s permanent.e.s ou ponctuel.le.s, empêcherait près de 180 projets artistiques de se réaliser. Elle supprimerait la redistribution en direction des artistes, notamment via la diffusion, à hauteur de 120 000€ annuel. Elle réduirait à néant l’économie de proximité que génère Mix’Art à hauteur de 200 000€ annuel. Elle liquiderait une équipe salariée de six personnes. Elle priverait des centaines de milliers de personnes passées et à venir de vivre une expérience toute singulière autour du geste artistique. »
Toulouse Métropole est partenaire de Mix’art, par le biais de la convention d’occupation du bâtiment. Les questions de mise aux normes du lieu ne sont pas nouvelles et doivent être traitées dans un rapport de partenariat plutôt que de répression. Il est particulièrement étonnant et affligeant en cette période critique de voir une collectivité territoriale opérer par la sanction, par la décision unilatérale, par la tangente de « l’inopiné », plutôt que de mettre en œuvre des actions de soutien puissantes envers un lieu de création et de vie sociale et culturelle. Nous, lieux culturels intermédiaires de Bretagne qui défendons la diversité artistique sur nos territoires, accompagnons la création et travaillons les enjeux de la fabrique du sensible et de son partage, nous sommes profondément révoltés par cette mise en danger brutale d’une expérience à la fois unique et multiple et commune riche de 26 années de construction.
Il n’est pas étonnant au contraire que Mix’art reçoive de si nombreux témoignages de soutien, de la part des publics comme des acteur.rice.s de l’art qui savent toustes, habitant.e.s, artistes, travailleur.euse.s du lien culturel, combien il faut de temps et de vie pour bâtir et combien sont précieux nos lieux de partage, aussi puissants que fragiles.
Comment ne le savez-vous pas ?
Cordialement,
le réseau Hybrides, hybrides-CRLII