Ami·e·s, voisin·e·s, partenaires fidèles et.ou intermittent·e·s, public d’un soir, d’un festival et.ou de longue date,copine, copain derrière ou devant le bar, cuistot·e ingénieux.se, régisseu·r·se débrouillard·e, dépanneur·se au grand cœur, frangin·e, cousin·e,
toi, croisé·e au gré d’une ou plusieurs rencontre.s impromptue.s, fortuite.s,
vous les plus de 35 000 chaque année à fréquenter le lieu en tant que “publics”,
vous les plus de 120 artistes chaque année à agir avec et pour le lieu,
vous les plus de 700 familles accueillies chaque année, à porter la question d’une autre alimentation via les AMAP et autres groupements d’achat avec le lieu,
vous aussi, contribuables, citoyen·ne·s, habitant·e·s n’y ayant jamais mis les pieds, mais attentifs·ves tout de même à ce qu’il puisse s’y passer, s’y produire, s’y créer, s’y construire, s’y tenter quelque chose,
… Vous, Nous
à Mix’Art Myrys, collectif d’artistes autogéré, au 12 rue Ferdinand Lassalle,
Car c’est bien tout cela et plus encore que Ville et Métropole de Toulouse ont décidé de détruire, pour faire une école en zone hautement polluée… Mauvaise foi quand tu nous tiens!
L’heure est donc venue de tourner la page d’une 7ème occupation dans le quartier des Ponts Jumeaux. Un chapitre qui aura duré 17 ans, le plus long de notre histoire qui en compte presque trente.
Le Tribunal Judiciaire de Toulouse a rendu sa décision. La Métropole de Toulouse, qui n’a pas tenu son engagement de réaliser les travaux de mise en conformité du bâtiment lors de son achat en 2018, comme la Ville de Toulouse à qui le bâtiment a été vendu en 2022, peuvent, en vertu du droit d’abusus, disposer comme elles le souhaitent de leur bien. En l’occurrence : nous mettre dehors pour le détruire et en faire tout autre chose.
Nous devons quitter le 12 rue Lassalle dans un délai de 2 mois. La seule solution un peu solide de relogement sur la ville de Ramonville a fait long feu, car ni le Département, ni la Région, ni l’État n’ont souhaité s’associer à la Ville de Ramonville et au SICOVAL pour investir dans la rénovation d’un bâtiment qui aurait pu constituer un nouvel espace-projet pour le collectif, lui aussi au bord du canal du Midi, et aux portes du Métro.
C’est donc la fin d’un long chapitre. Quelques bonnes volontés encore en alerte, et peu nombreuses, on le comprend bien, ont tenu bon pour mettre en œuvre la décision du collectif en juin 2021 concernant la mise en procès et imaginer un scénario de la victoire… Depuis 3 ans (fermeture publique liée au Covid-19 + fermeture administrative + procès), le bâtiment du 12 rue Ferdinand Lassalle prenait déjà l’eau de toute part. Les membres du collectif, artistes musicien·ne·s, plasticien·ne·s, comédien·ne·s, expérimentateurs·trices en tous genres, voisin·e·s, AMAP, ont dû prendre les devants et quitter le lieu pour d’autres espaces d’ateliers, d’autres plateaux, d’autres locaux, d’autres horizons.
Quel nouveau chapitre pour Mix’Art Myrys ?
À cette heure, nous n’avons pas la réponse. D’autres énergies sont sans doute nécessaires pour continuer de tenir tête, fédérer, amorcer, comme dirait l’autre. Plus de bâtiment, plus de collectif formel compliquent sérieusement l’ouvrage. L’espace des élections municipales, tel que le suggère certain.e est une piste. Régénérer une dynamique autour des communs, la nourrir, la rendre incontournable et ainsi ouvrir de nouveaux espaces en est une autre. Et peut-être sont elles les mêmes ?!
Aujourd‘hui nous savons juste que nous devons vider le lieu de tout ce qui pourrait encore servir à d’autres, nourrir encore cet écosystème que Mix’Art, tout au long de ces 28 années d’occupations parfois illégales et toujours légitimes a permis de faire éclore. Transmettre, toujours…
Il n’y a plus de bâtiment, il n’y a plus de collectif formel dans le bâtiment, même s’il vibre encore de tout ce que Mix’Art Myrys a pu générer comme milieu, depuis cet espace d’expérimentation sociale, politique, artistique. C’est cet art du bricolage porté haut qui nous aura permis de te/vous/nous rencontrer, de prendre ensemble le pouls d’une Ville dont le cœur, s’il est uniquement alimenté depuis les vitrines des scènes labellisées, des espaces de l’urbanisme transitoire ou des industries culturelles, ne peut tout simplement plus battre.
Hauts les cœurs battants!